La baguette classique contient jusqu’à 14 additifs
Le pain de tradition française ne contient donc pas d’additifs (produits dont le nom commence par E suivi de 3 chiffres, comme l’E300, l’acide ascorbique), c’est-à-dire des substances qui sont ajoutées aux ingrédients pour modifier les propriétés de l’aliment, pour lui donner par exemple plus de goût, pour en modifier la couleur ou la texture, pour en améliorer la conservation, etc.
La tradition est donc la véritable baguette artisanale qui fait appel au savoir-faire du boulanger.
Le pain de tradition est une création récente. En effet, il naît d’un décret pris par le Premier ministre Édouard Balladur le 13 septembre 1993. Cet décret a pour objectif de protéger les boulangeries artisanales du développement de la boulangerie industrielle. Il en définit la composition.
L’adjectif tradition ne s’applique pas qu’à la baguette, mais à tout pain qui respecte les critères énoncés dans le décret. Si on y ajoute fruits ou céréales, cette baguette n’a plus le droit d’être nommée « tradition ».
- Le pain courant français = comme la tradition, c’est un pain composé de farines panifiables de blé, d’eau potable et de sel de cuisine, de levure ou de levain et des adjuvants autorisés, mais qui peut contenir en outre des additifs et une liste étendue d’auxiliaires technologiques.
Contrairement à la tradition, ce pain peut contenir jusqu’à 14 additifs (E300, 301, 302, 304, 322, 471, 270, 325, 326, 327, 260 à 263), comme des émulsifiants, des auxiliaires technologiques comme des enzymes (produits en ase) et des adjuvants.
Les célèbres Banette, Bleuette, Campaillette, Fantine, Festival, Rétrodor et Baguépi sont des marques. Des meuneries (Banette est un produit d’Euromill, filiale de Champagne Céréales, Baguépi un produit du groupe soufflet, n°1 de la meunerie en Europe, Campaillette des Grands moulins de Paris.) décident des recettes et des farines utilisées par les boulangers qui vendent ces pains, dont la composition varie en fonction des marques. Les boulangers mélangent les produits déjà préparés et les cuisent. Les meuneries aident en outre les boulangers à s’installer ou à reprendre une boulangerie et leur proposent des formations et aides commerciales, contre l’utilisation de leurs produits.
L’achat d’un pain, notamment une baguette, chez son artisan boulanger ne garantit donc pas « l’authenticité » du pain vendu. En effet, l’article L122-17 du code de la consommation réserve l’utilisation par un commerce de l’appellation « boulangerie » aux professionnels qui assurent eux-mêmes le pétrissage de la pâte, sa fermentation et sa mise en forme ainsi que la cuisson du pain sur le lieu de vente au consommateur final. Rien n’interdit donc la collaboration des boulangers avec les industriels sur l’utilisation de farines et de recettes, mais ils doivent cuire le pain dans la boulangerie.
Le pain maison, le pain courant français, le pain tradition et le pain au levain sont des appellations qui ont un fondement légal.
Le pain tradition, vendu sous cette appellation (que ce soit une baguette ou un pavé), offre de vraies garanties légales contre les additifs. On ne trouve pas dans les boulangeries de pain vendu sous le nom de « pain courant français » car cette appellation n’est bien sûr pas viable commercialement. Il convient donc de demander directement à son boulanger de quoi est composé le pain qu’il vend.
Malgré cette protection légale, le pain tradition ne représente que 25% environ des ventes de pain.